Les organisations humanitaires appellent la communauté internationale à soutenir une solution durable qui pourrait sauver des millions de civils au Yémen, alors que les Nations unies se préparent à accueillir les pourparlers de paix à Genève dimanche 14 juin.
Selon 13 organisations humanitaires internationales, le Yémen a urgemment besoin d'un cessez-le-feu permanent, la fin du blocus commercial mené par l'Arabie Saoudite, la fin de l'approvisionnement en armes de toutes les parties au conflit, qui est une violation du Droit International Humanitaire, et une augmentation conséquente du financement des actions humanitaires et du développement à long terme.
« Des millions de personnes risquent de mourir à cause du conflit, des maladies et de la faim » a affirmé Hanibal Abiy Worku, directeur des opérations de Norwegian Refugee Council (NRC) au Yémen. « Que le monde continue à regarder en toute indifférence le désastre humanitaire sans précédent qui se déroule actuellement au Yémen est inacceptable et irresponsable. »
Avec 80% de la population, soit 20 millions de personnes, affectés par les violences et nécessitant une assistance, les Yéménites font partie de ceux qui ont les plus grands besoins humanitaires au monde. La communauté internationale doit intensifier ses efforts, décider sans attendre de mettre fin aux violences et répondre à la crise grandissante.
Depuis l'échec des derniers pourparlers de paix le 26 mai dernier, 400 Yéménites ont été tués. Le 27 mai a été le jour le plus sanglant du conflit, avec plus de 100 morts. Au total, 2 200 personnes sont décédées et près de 10 000 autres ont été blessées. Une autre trêve humanitaire - actuellement en cours de discussion - n'est en aucun cas une solution suffisante. Le Yémen a urgemment besoin d'un cessez-le-feu immédiat et permanent. C'est seulement à cette condition que les pourparlers de paix réussiront.
L'échec à mettre un terme aux combats et à résoudre les causes profondes du conflit aurait un impact catastrophique sur la situation humanitaire. Un tel échec risque de polariser le pays et renforcer les positions de chaque partie, avec pour conséquence la prolongation du conflit.
Les Yéménites essaient de survivre alors que le carburant, la nourriture et les approvisionnements médicaux atteignent des seuils dangereusement bas à cause du blocus terrestre, aérien et naval. Seulement 14% des besoins nationaux en fuel ont été importés dans le pays depuis la fin du mois de mars. Plus de 12 millions de personnes sont menacées par la faim, alors que le blé et d'autres aliments se font de plus en plus rares. Plus de 15 millions de Yéménites n'ont pas accès aux soins, les hôpitaux étant fermés à cause du manque de matériel médical et des coupures d'électricité.
"Indépendamment du résultat des pourparlers de paix, le blocus doit être immédiatement levé, sans quoi des enfants continueront à mourir de maladies qui auraient pu être prévenues" a souligné Priya Jacob, en charge des opérations de Save the Children au Yémen. "Nous constatons d'ores et déjà une augmentation des infections, particulièrement parmi les enfants."
Au lieu de promouvoir une paix négociée, les membres de la communauté internationale ont jusqu'à présent choisi et soutenu une solution militaire au Yémen. Les civils, et les infrastructures civiles, sont attaqués aveuglément et sans distinction par toutes les parties au conflit, ce qui est une violation directe du Droit International Humanitaire. Plus de 100 bâtiments publics, dont des écoles et des hôpitaux, ont été endommagés ou détruits.
"Les Yéménites ont besoin d'aide, pas d'armes" a indiqué Philippe Clerc, Directeur des opérations d'Oxfam au Yémen. "Continuer à alimenter les belligérants en armes aura pour seule conséquence la prolongation du conflit, et rendra d'autant plus difficile l'obtention d'une paix permanente."
Signataires :
Action Contre la Faim (ACF) ; ADRA ; CARE ; International Rescue Committee (IRC) ; Intersos ; Friedrich Ebert Foundation (FES) ; Norwegian Refugee Council (NRC) ; Oxfam ; Progressio ; Relief International (RI) ; Save the Children (SC) ; Search For Common Ground ; ZOA
Note aux rédactions:
Une trêve humanitaire signifie l'arrêt des hostilités par toutes les parties impliquées dans le conflit afin de faciliter l'accès aux communautés dans le but de fournir une assistance humanitaire vitale.
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Laury-Anne Bellessa, chargée des relations medias chez CARE France, + 33 (0) 1 53 19 89 92, + 33 (0) 6 24 61 85 37, bellessa@carefrance.org